news

Les acteurs du géospatial au Sénégal appellent à une priorisation du secteur à travers l’Afrique

6.07.2022

Une série d’ateliers a été consacrée au potentiel des données géospatiales en faveur du développement durable
Región o país
África
Senegal
Proyecto o iniciativa
AU-EU D4D Hub project

L’importance du secteur géospatial en Afrique, et en particulier au Sénégal, a été mise en lumière lors des Ateliers D4D sur les données géospatiales au Sénégal qui se sont déroulés les 1–2 juin à Dakar. Au cours de cet événement, plus d’une centaine d’expert·e·s africain·e·s et européen·e·s ont évoqué les perspectives pour une meilleure mise à profit du secteur au service de l’innovation et du développement durable. Parmi eux, Dr. Gayane Faye, coordonnateur du Programme spatial sénégalais au sein du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI), Professeur, et Directeur du Laboratoire de Télédétection Appliquée à l’Université Cheikh Anta Diop, et Maram Kaire, astronome et entrepreneur dans le secteur du numérique, président de l’Association sénégalaise de promotion de l’astronomie, et premier Sénégalais dont le nom a été attribué à un objet du système solaire : l’Astéroïde (35462) Maramkaire.

Selon Dr. Faye : « Aujourd’hui, le géospatial est incontournable. Les données géospatiales fournissent beaucoup de services et d’outils utiles à l’État, aux collectivités locales et aux entreprises. Il est donc essentiel qu’on réfléchisse à la façon d’exploiter efficacement leur potentiel pour soutenir le développement ».

« L’Agenda 2063 de l’Union africaine et le Programme 2030 pour le développement durable des Nations Unies illustrent la prise de conscience croissante parmi les décideurs politiques de haut niveau de l’importance des données géospatiales pour éclairer les décisions, promouvoir des solutions innovantes et orienter les programmes et politiques visant à attendre des objectifs de développement spécifiques, » a déclaré M. Kaire. « Cependant, pour que ces visions soient internalisées, puis mises en exécution au niveau national et infranational, nous avons besoin d’une plus grande implication des pouvoirs publics pour penser, déployer et soutenir l’utilisation des données géospatiales dans divers domaines. »

Maram Kaire donne sa présentation aux ateliers D4D pour les données géospatiales. Photo : Enabel

Solutions concrètes aux défis de développement

D’après les experts, de nombreux logiciels et applications GPS, dont certaines à base de drones, connaissent une utilisation accrue dans la réponse aux besoins des Africains au quotidien. De nombreuses start-ups et initiatives locales emploient déjà les données géospatiales dans la pratique.

« Grâce à l’utilisation des données géospatiales, il est possible, désormais, de prédire des zones à risques de catastrophes ou d’épidémies. L’utilisation des satellites en télémédecine permet aussi de s’affranchir des distances en offrant aux patients la possibilité de consulter en ligne un praticien, ou de collaborer entre professionnels de la médecine pendant des opérations chirurgicales complexes. Ce ne sont là que quelques exemples illustrant les nombreuses applications pratiques qui pourraient améliorer la vie des gens », a expliqué M. Kairé.

Dr. Faye a également cité des exemples dans les domaines de l’urbanisme, de l’agriculture intelligente, de l’atténuation et de l’adaptation au changement climatique, et de la pêche durable. Les potentiels sont nombreux, a-t-il précisé, « mais ce qui est important, c’est que tous ces domaines d’activité peuvent bénéficier de l’apport du géospatial. »

Développer le capital humain

En ce sens, les experts ont présenté différentes actions qui pourraient être prises pour soutenir le secteur. De son côté, Dr. Faye a souligné l’importance de la formation des ressources humaines. A titre d’exemple d’actions concrètes, le Sénégal a un partenariat avec l’Université de Montpellier portant sur la formation d’ingénieurs sénégalais à la conception et la construction d’objets spatiaux, a-t-il expliqué.

M. Kaire a fait écho à ce point de vue, appelant à une plus grande vulgarisation de la culture scientifique auprès des jeunes. « Pour que le géospatial atteigne son potentiel en Afrique, nous devons préparer les générations futures par une plus grande sensibilisation des parents et des jeunes à embrasser les filières scientifiques », a-t-il ajouté.

Développer la capacité de production de données de l’Afrique

Cependant, pour que le secteur géospatial se développe à l’échelle en Afrique, Dr. Faye a appelé à résoudre les problèmes liés à l’accessibilité et à l’abordabilité : « Les données géospatiales de qualité et surtout en temps réel sont souvent inaccessibles, ou d’un coût rédhibitoire, donc on doit mettre en place nos propres outils pour les produire. »

Finalement, étant donné que la collecte des données géospatiales nécessite des technologies de pointe, M. Kaire a proposé aux États africains de travailler ensemble pour se doter de leurs propres satellites et ainsi réduire la dépendance à l’égard de l’extérieur.